Par Catherine Barry le 11.05.2021

Première Occidentale à avoir reçu, à l’issue d’une longue formation, le titre de chamane en Mongolie, Corine Sombrun se consacre à mettre la pratique de la transe au service des scientifiques qui en étudient le potentiel thérapeutique et les effets sur le cerveau.

Pandémie oblige, notre rencontre est virtuelle. Corine Sombrun se raconte avec la simplicité que procure la force d’une expérience dans le tréfonds de l’être. C’est la douleur de perdre l’un de ses proches d’un cancer qui la propulse dans « un monde plus grand » – titre du film qui raconte son itinéraire singulier –, bien plus vaste que tout ce qu’elle pouvait imaginer. S’ensuivent vingt années où le doute et les difficultés côtoient l’engouement de vivre cette aventure étonnante, au cœur de ses potentialités.

Un parcours sur lequel elle revient dans La Diagonale de la joie, qui vient de sortir chez Albin Michel. De page en page, elle nous entraîne sur des sentiers qu’aucun Européen n’a parcourus avant elle, tout en proposant un autre rapport au vivant.

Esprit du loup

C’est en 2001 que son périple débute en Mongolie, où la jeune ethnomusicologue réalise un reportage pour la BBC World Service. Assistant à une cérémonie chamanique, le son du tambour déclenche en elle une transe : elle perd alors totalement le contrôle de ses mouvements. L’esprit d’un loup, dit-elle, « la pénètre » spontanément. Elle a la sensation de se transformer en louve, d’avoir des griffes, un museau animal. Le chamane Balgir, qui préside la cérémonie, reconnaît en elle « l’étincelle chamanique » et la presse de développer son don avec une chamane tsaatan, Enkhetuya, « pour moins souffrir » du deuil qu’elle traverse. Elle accepte.

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