Par Marie-Céline Ray le 10.12.2016

Dans une étude d’une durée de quatre ans sur les expériences de mort imminente, près de 40 % des personnes ayant survécu à un arrêt cardiaque ont affirmé être conscientes lors de leur « résurrection ». Un homme a même décrit de manière très convaincante ce qui lui est arrivé dans les trois minutes suivant l’arrêt de son cœur.

 

Que se passe-t-il après la mort ? Et quand est-on vraiment mort ? Ces questions que tout individu se pose ont été explorées dans une vaste étude portant sur des survivants d’arrêt cardiaque.

4 survivants sur 10 se disent conscients lors de leur résurrection

En 2008 fut lancée l’étude Aware (AWAreness during REsuscitation), portant sur 2.060 cas d’arrêts cardiaques dans 15 hôpitaux des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Autriche. L’objectif était d’étudier les expériences de personnes ayant approché la mort. Les résultats de ces quatre années d’étude ont été publiés en 2014 dans la revue Resuscitation.

Sur les 2.060 patients, 330 ont survécu et 140 étaient dans la capacité de répondre à des questions. Parmi eux, 55 (39 %) ont déclaré qu’ils étaient en partie conscients au moment de leur résurrection. Certains ont décrit une lumière brillante ou des flashs comme on peut le voir dans certains films. Mais les thématiques rencontrées lors de ces expériences extrêmes étaient bien plus vastes : ils avaient aussi des souvenirs liés à la peur, aux animaux et aux plantes, à la violence ou la persécution, au sentiment de déjà-vu, à la famille.

De plus, il est possible que certains patients ne se souvinssent de rien à cause des lésions cérébrales ou des sédatifs qui peuvent avoir un effet sur la mémoire.

Le cerveau continue à fonctionner après l’arrêt du cœur

Un cas particulier d’expérience de sortie hors du corps a même pu être validé, alors que l’on se demandait si ce genre d’expériences relevait d’hallucinations.

Les scientifiques considéraient jusqu’à présent que le cerveau pouvait continuer à fonctionner 20 à 30 secondes après l’arrêt du cœur, mais dans ce cas particulier l’état de conscience aurait duré plus longtemps.

Voici comment Sam Parnia, principal auteur de ces travaux, décrit l’expérience de cet homme, un travailleur social de 57 ans, à Southampton : « Dans ce cas, l’état de conscience semble avoir continué jusqu’à 3 minutes. L’homme a décrit tout ce qui s’est passé dans la pièce, mais, de manière importante, il a entendu deux bips provenant d’une machine qui fait un bruit à des intervalles de 3 min. Ainsi nous pouvions mesurer la durée de l’expérience ». Le patient a décrit de manière très crédible ce qui se passait dans la pièce lorsque les médecins et les infirmières essayaient de le ramener à la vie. Il a dit qu’il se sentait observateur de sa résurrection d’un coin de la pièce.

Un retour (parfois) possible vers la vie

Cette étude semble donc prouver que les expériences de mort imminente et de sortie du corps seraient réelles. 40 % des survivants ont décrit une forme de conscience à un moment où ils étaient déclarés cliniquement morts. Ceci devrait nous inciter à voir différemment le moment de notre mort, plutôt comme un passage, avec un retour possible vers la vie, et non comme un arrêt brutal à un instant t.

« La mort n’est pas un moment spécifique, mais un processus potentiellement réversible qui a lieu après qu’une maladie grave ou un accident fait que le cœur, les poumons et le cerveau arrêtent de fonctionner. Si des tentatives sont faites pour inverser ce processus, on fait référence à un arrêt cardiaque. Cependant si ces tentatives ne réussissent pas on l’appelle “mort”. Dans cette étude, nous voulions aller au-delà du terme émotionnellement chargé et encore mal défini de mort imminente pour explorer objectivement ce qui se passe quand nous mourons. »

[…]

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